Jean 6 :1-15 : La
multiplication des pains
Nous sommes dans le contexte Pascal et l’Évangile de Jean est dans le contexte ou La
Pâque des Juifs était proche. Et Jésus va introduire la Pâque nouvelle, la
vraie Pâque. La multiplication des
pains sert de préparation au discours sur le Pain de vie. Jésus
veut amener son auditoire à une autre
faim, à une autre nourriture, spirituelle.
Il est le Pain vivant qui descend du ciel. Il est la source d’eau vive
jaillissant en vie éternelle. En arrière fond du
ch. 6 de St Jean, il y a la question centrale de la faim. Dans ce texte il y a un malentendu au
départ : Jésus se situe à un niveau spirituel, et l’auditoire le
reçoit au plan matériel. Dans ce texte, Jésus fait passer son auditoire d’une réalité
matérielle du pain, à une réalité
spirituelle du pain de vie éternel.
Il faut noter que la faim de la foule, dans le
contexte de l’Évangile de Jean, n’est pas
une nécessité urgente, pas une situation catastrophique. La foule pouvait sans
difficulté survivre à une nuit de jeûne. Pour St Jean, la faim est un signe d’une nécessité plus haute. La faim renvoie à une nécessité vitale :
manger, sans quoi on meurt.
Dans ce texte
on trouve le symbolique du trop peu et du pas assez : « Où achèterons-nous des pains pour que
mangent ces gens ? » La
question de Jésus est plutôt déconcertante. Cette tranquillité dans
l’impossible a dû agacer les disciples qui doivent trouver le maître très
spirituel, mais vraiment peu pratique. Dans le cas présent, l’enfant offre ce qu’il a. Et il donne tout
ce qu’il a, sans en garder pour
lui-même C’était un geste risqué : avec les 5000 hommes, risque de
ne plus en avoir une miette pour lui-même.
On ne lui arrache pas les 5 pains et 2 poissons, on ne les lui prend
pas, il les offre. Il n’y a qu’un enfant pour oser un tel geste : donner 5
pains pour nourrir 5000 hommes. Trop
peu de pain, pas assez d’argent. Mais pour que l’indigence devienne
surabondance, il faut qu’elle vienne à Jésus.
De plus, ce trop peu et en plus c’est du pain d’orge, qui est le pain de la
classe des pauvres. Dans les mains de
Jésus, le pain devient semence qui porte du fruit au centuple ; semence du royaume. L’attitude de Jésus
lorsqu’il réalise le miracle suit parfaitement le schéma eucharistique :
« Jésus prit les pains, rendit grâce, et les donna aux convives. »
Aussi bien dans l’Eucharistie que
dans la multiplication des pains, il y a transformation, il y a un acte
créateur. Dans la multiplication des
pains, transformation d’un petit rien en une surabondance. Dans l’eucharistie, transformation du pain et
du vin en corps et sang du Christ ; transformation d’une réalité
matérielle en une réalité divine. Jésus
nous initie progressivement à l’eucharistie, et, dans le contexte de la
Pâque, à la Pâque nouvelle ou il y a toujours du
reste. Les douze symbolisent par
conséquent la conjonction de l’humain et du divin. Douze corbeilles
pour 5 pains le résultat de l’humain (pauvreté) et du divin associés. La multiplication des pains est la
conjonction de la charité humaine et de la force divine.
Mais attention ! Dieu
ne part pas de rien : nous ayant associés à son œuvre de création,
il s’est rendu dépendant de nous, il a besoin de nous pour offrir sa
surabondance. Il a besoin de notre folie pour accomplir son miracle. Les
miracles préfigurent la mission de l’Église, notre mission : annoncer et faire
advenir le Royaume de Dieu.
Quelques questions pour
notre méditation : Quelles sont mes faims ? Est-ce que je sais
bien les hiérarchiser, c'est à dire repérer celles qui sont prioritaires, les
plus vitales ? En quoi j’aurais tendance à douter que Dieu puisse
réaliser une œuvre, à cause de mes limites, du trop peu? Quels sont ces 5
pains et ces deux poissons dont je dispose ? Suis-je bien
conscient de ma place de co-créateur en ce monde ? Est-ce que je n’attends
pas que Dieu fasse tout là où précisément lui attend que j’apporte mes 5 pains
et 2 poissons.
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