Thursday, 19 April 2012

LA MULTIPLICATION DES PAINS


Jean 6 :1-15 : La multiplication des pains
Nous sommes dans le contexte Pascal et l’Évangile de Jean est dans le contexte ou La Pâque des Juifs était proche. Et Jésus va introduire la Pâque nouvelle, la vraie Pâque. La multiplication des pains sert de préparation au discours sur le Pain de vie. Jésus veut amener son auditoire  à une autre faim, à une autre nourriture, spirituelle.  Il est le Pain vivant qui descend du ciel. Il est la source d’eau vive jaillissant en vie éternelle. En arrière fond du ch. 6 de St Jean, il y a la question centrale de la faim. Dans ce texte il y a un malentendu au départ : Jésus se situe à un niveau spirituel, et l’auditoire le reçoit au plan matériel. Dans ce texte, Jésus fait passer son auditoire d’une réalité matérielle  du pain, à une réalité spirituelle du pain de vie éternel.
 Il faut noter que la faim de la foule, dans le contexte de l’Évangile de Jean, n’est pas une nécessité urgente, pas une situation catastrophique. La foule pouvait sans difficulté survivre à une nuit de jeûne. Pour St Jean, la faim est un signe d’une nécessité plus haute. La faim renvoie à une nécessité vitale : manger, sans quoi on meurt.
Dans ce texte on trouve le symbolique du trop peu et du pas assez : « Où achèterons-nous des pains pour que mangent ces gens ? » La question de Jésus est plutôt déconcertante. Cette tranquillité dans l’impossible a dû agacer les disciples qui doivent trouver le maître très spirituel, mais vraiment peu pratique. Dans le cas présent, l’enfant offre ce qu’il a. Et il donne tout ce qu’il a, sans en garder pour lui-même C’était un geste risqué : avec les 5000 hommes, risque de ne plus en avoir une miette pour lui-même.  On ne lui arrache pas les 5 pains et 2 poissons, on ne les lui prend pas, il les offre. Il n’y a qu’un enfant pour oser un tel geste : donner 5 pains pour nourrir 5000 hommes. Trop peu de pain, pas assez d’argent. Mais pour que l’indigence devienne surabondance, il faut qu’elle vienne à Jésus.
De plus, ce trop peu et en plus c’est du pain d’orge, qui est le pain de la classe des pauvres. Dans les mains de Jésus, le pain devient semence qui porte du fruit au centuple ; semence du royaume. L’attitude de Jésus lorsqu’il réalise le miracle suit parfaitement le schéma eucharistique : « Jésus prit les pains, rendit grâce, et les donna aux convives. » Aussi bien dans l’Eucharistie que dans la multiplication des pains, il y a transformation, il y a un acte créateur.  Dans la multiplication des pains, transformation d’un petit rien en une surabondance.  Dans l’eucharistie, transformation du pain et du vin en corps et sang du Christ ; transformation d’une réalité matérielle en une réalité divine. Jésus nous initie progressivement à l’eucharistie, et, dans le contexte de la Pâque, à la Pâque nouvelle ou il y a toujours du reste. Les douze symbolisent par conséquent la conjonction de l’humain et du divin. Douze corbeilles pour 5 pains le résultat de l’humain (pauvreté) et du divin associés. La multiplication des pains est la conjonction de la charité humaine et de la force divine.
Mais attention ! Dieu ne part pas de rien : nous ayant associés à son œuvre de création, il s’est rendu dépendant de nous, il a besoin de nous pour offrir sa surabondance. Il a besoin de notre folie pour accomplir son miracle. Les miracles préfigurent la mission de l’Église, notre mission : annoncer et faire advenir le Royaume de Dieu.
Quelques questions pour notre méditation : Quelles sont mes faims ? Est-ce que je sais bien les hiérarchiser, c'est à dire repérer celles qui sont prioritaires, les plus vitales ? En quoi j’aurais tendance à douter que Dieu puisse réaliser une œuvre, à cause de mes limites, du trop peu? Quels sont ces 5 pains et ces deux poissons dont je dispose ? Suis-je bien conscient de ma place de co-créateur en ce monde ? Est-ce que je n’attends pas que Dieu fasse tout là où précisément lui attend que j’apporte mes 5 pains et 2 poissons.

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