Saturday 20 February 2016

QUAND LE RAPPORT S'INVERSE

Mt 5:43-48
Deux commerçants dans une même ville était vraiment des rivaux, des ennemies jurés. Leurs magasins étaient juste face à face sur une même rue. Chaque jour ils se surveillaient. Si l’un recevait un client avant l’autre, ou s’il gagnait plus que l’autre, il sourirait un peu pour se moquer de son rival. Une nuit, un ange apparu à l'un d'entre eux dans un rêve et lui dit: « je te donnerai tout ce que tu demanderas, mais à condition que tout ce que tu recevras, ton rival là à face le recevra deux fois ; il aura le double de ce que tu recevras. Si tu veux la richesse, il sera deux fois plus riche que toi. Si tu veux une bonne santé et une longue vie, sa vie sera deux fois plus longue que la tienne. Qu’est-ce que tu demandes? »  L'homme, dans un profond silence, se mit à penser : Que dois-je demander ? Puis il dit: « Voici ma demande : Rends moi borgne. »  Parce que, selon le dire de l’ange, s’il est borgne alors son rival sera complètement aveugle.
C’est cela l’être humain. C’est une tendance naturelle que nous avons tous. Naturellement nous haïssons nos ennemies. C’est très naturel de souhaiter du mal à ceux qui nous persécutent. Et pourtant Jésus nous dit: « aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent. » Vous serez tous d’accord avec moi que ce commandement est le plus difficile à observer. Comment prêcher l’amour des ennemis à un peuple qui est en train d’être exterminé par des gens assoiffés du pouvoir et de l’argent ? Comment prêcher l’amour de l’ennemie à ce chrétien persécuté qui n’a plus de famille, de maison, de terre ? Il est vraiment difficile ce commandement. « Tout ce que nous voulons c’est la justice ». C’est un refrain des familles et des proches de victimes d'un crime. Que justice soit faite. Nous voulons en tout prix que l’auteur du crime soit emprisonné ou exécuté. Nous avons une tendance naturelle de se venger.
Mais dans l'Évangile d'aujourd'hui le Christ nous appelle à opérer un changement radical dans notre façon de penser: « aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent, » Ce passage renverse les valeurs de ce monde, il institue un nouveau mode de relations qui va à l’encontre de ce qui nous est spontané, naturel, et familier. Nous trouvons en effet toute une série de phrases dans le langage de Jésus qui souligne ce retournement : «Vous avez appris... et moi je vous dis». Il nous est demandé de dépasser la façon naturelle de vivre, d’aller au-delà de valeurs véhiculées par notre monde.
Ce renversement des valeurs apparaît tellement contraire à la nature humaine. Et de fait, je crois que ce serait impossible si Dieu ne nous donne pas, et la capacité et la force d’aimer vraiment. Cet amour dont Jésus nous parle et qui va jusqu’à aimer son ennemi, est un amour divin, un amour dont Dieu seul est la source. L'amour des ennemies sera une utopie pour nous, si nous ne comptons pas sur Jésus, si nous n'adoptons pas sa manière de voir l’autre comme un frère, comme une sœur à aimer.

En ce temps de carême, une question pour nous ce matin : Est-ce que je prie pour mes ennemis ? Si la réponse est ‘oui’, alors: ‘Continue, prie plus. Si la réponse est ‘non’, le Seigneur te dit : ‘Mon pauvre. Toi aussi tu es l’ennemi d’un autre !’

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