Mt 18,
26-35
Nous commençons avec la
question de Pierre "Seigneur, combien de fois pardonnerai-je à mon frère,
lorsqu'il péchera contre moi?" Si nous parcourons le passé, vis-à-vis de l’offense
qui nous est faite, il existe trois sortes de réponses possibles : la
première réponse est la vengeance extrême, ou le premier réflexe de celui qui
est agressé, est de rendre au centuple, La seconde possibilité est la loi du
talion. Ici, le roi Hammourabi de Babylone, imposa la loi du talion : «œil pour
œil, dent pour dent», afin de limiter le nombre de morts associés à la
vengeance.
Une
troisième possibilité se retrouve dans la tradition juive, ou les rabbins
enseignaient qu’il fallait pardonner trois fois. Pierre, qui est né dans cette
tradition, se croit vraiment généreux lorsqu’il propose de pardonner jusqu’à
sept fois! La réponse de Jésus est sans équivoque : on doit pardonner non pas
sept fois, mais soixante-dix fois sept fois, c’est-à-dire qu’il ne doit pas y
avoir de limite à notre pardon.
La question que m’est
venu en tête est celle-ci : Pourquoi est que ce serviteur n’a pas voulu
pardonner son compagnons ? Je pense qu’un message plus essentiel pour nous
est contenu dans ce que la parabole ne raconte pas. La première rencontre entre
le serviteur et le roi se termine en effet sur l’image du maître, saisi de
pitié, remettant la dette. On ne voit pas le serviteur se relever, ni
remercier, ni exulter de joie pour avoir reçu ce don. Cet événement
extraordinaire est passé inaperçu dans la vie du serviteur car il n’a pas su
rendre grâce, il n’a pas su se l’approprier dans la louange, il a négligé de l’enraciner
dans son cœur par une action de grâce. Et le voici retourné à sa vie quotidienne
sans que rien ne soit transformé.
Il ne s’agit pas seulement
de savoir combien de fois il est juste de pardonner. La question importante est
de savoir ce qui est en jeu dans les événements que nous vivons. Si nous savons
accueillir dans l’action de grâce le don qui nous est fait, il portera des
fruits de charité et de miséricorde. Le serveur n’a pas su rendre grâce pour le
don qu’il a reçu, et c’est pourquoi rein n’a changé dans sa vie. Peut-être il se disait : Bien c’est un
homme riche, c’est normal qu’il me pardonne, il n’a rien perdu, c’est comme une
goutte d’eau dans l’océan.
C’est cela qui
nous arrive souvent. C’est par manque de reconnaissance des dons du Seigneur
dans notre vie qu’il nous est difficile de pardonner. Nous nous disons :
J’ai travaillé dur pour l’avoir ; c’est n’est pas un don ; je le
mérite. Aujourd’hui, le recours délibéré à la violence est devenu à la une dans
notre société parce que nous avons perdu le sens de la gratuité. Tout est
payant, tout s’évalue, rein n’est gratuit. Dans la réponse à Pierre, Jésus veut
nous dire que : Si tu es en train de compter, tu n'es pas en train de
pardonner! Le pardon est gratuit.
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