Tuesday, 10 November 2015

VOUS ETES DES SERVITEURS INUTILES...

Luc 17, 7-10
Le P. Gaston nous disait hier qu'il faut que la parole de Dieu nous dérange. Voici aujourd'hui un text qui me dérange vraiment. C'est un texte difficile, un texte dérangeant, un texte qui nous touche au plus profond de nous- mêmes. Il vient en totale opposition avec nos désirs les plus intimes.
Naturellement nous avons ce désir de reconnaissance. Être reconnus pour ce que nous sommes, pour le travail que nous faisons, pour la qualité de ce que nous avons accompli. Je peux l'avouer, et je pense que vous êtes tous un peu comme moi, nous avons besoin de reconnaissance. J'aime bien quand on me dit que la prédication était bonne, par exemple. J'aime bien quand on me dit que ce que je fais est bon. D'abord parce que cela me fait du bien, et ensuite, parce que cela me pousse, d'une manière ou d'une autre, à toujours faire mieux. C'est naturel. Alors vous comprenez facilement que ce texte de l'évangile me dérange. Sans vouloir parler à votre place, je suppose tout de même qu'il vous dérange aussi. Jesus nous dit quand tu fais quelque chose tu n'a rien a réclamer, tu as fais juste ton travail.
Il dit à ses disciples : "Supposons ceci : l’un de vous a un serviteur. Quand ce serviteur revient du travail, tu ne lui dira pas : “Va vite manger !” Au contraire, tu lui dira : “Prépare mon repas. Après, tu mangeras à ton tour.” Tu est un serviteur ordinaire, quelconque ; tu fais ton devoir. La question qui se pose ici est celle de savoir ce que Jésus a réellement voulu dire en lançant cette phrase : vous êtes des serviteurs quelconques ; inutiles. Est-ce qu'il a vraiment voulu dire que nous ne servons à rien ; inutiles, sans valeur?
Réfléchir sur cette question nous amène a nous placer devant Dieu et reconnaitre que nous ne méritons rien, parce que nous ne pouvons donner que ce que nous avons d’abord reçu de lui. Nous recevons tout de Dieu, d’abord la vie, et avec la vie le pouvoir de servir. C'est la qu'il faut reconnaître que nous sommes des serviteurs quelconques, parce que nous donnons ce que nous avons reçu. Une chose est donc certaine : puisque notre service est fondamentalement une réponse à un don sans limite, un don désintéressé, jamais nous ne pouvons dire : « J’en ai assez fait » ; « J’en ai assez donné ». En servant ainsi, généreusement et gratuitement, nous participons en quelque sorte a la générosité et a la gratuité de Dieu.
Cet évangile nous révèle que c’est par nous que l’amour de Dieu se concrétise et prend corps. C’est à travers nos gestes d’amour et de service, les plus modestes soient-ils, que nos frères et soeurs peuvent découvrir qu’ils sont aimés de Dieu.
Oui nous devons et nous pouvons être, les uns pour les autres le chemin de l’amour de Dieu. Car s’il est vrai que nous sommes des serviteurs inutiles, alors nous sommes des serviteurs créés à la ressemblance de Dieu, irrigués par son amour sans limite, et par conséquent nous sommes capables de communiquer, de donner cet amour illimité et gratuit. Cela n'est possible que si nous acceptons que nous sommes des serviteurs inutiles.


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