Marc 16, 9-15
L'Évangile que nous venons de lire ce matin
tranche un peu sur tous les autres de cette semaine. Il ne s'agit plus d'un
récit vivant et coloré de la résurrection, mais d'une sorte de résumé des
apparitions de Jésus Ressuscité. Et dans ce passage, après sept jours de célébration de la résurrection du
Seigneur, la situation est comme si les disciples semblent encore enlisés dans
la peur, l’incrédulité et l‘endurcissement humain. Deux fois l’évangéliste dit
que les disciples refusèrent de croire que le Seigneur est vraiment ressuscité.
Dans ce passage, il y a quelque chose à la
fois intéressant et étrange : Lorsque le Seigneur lui même apparaît aux
disciples, il leur reproche leur incrédulité, mais il leur confie la mission
universelle : Allez dans le monde entier, proclamez la bonne nouvelle à
toute la création. A ceux et celles qu'il vient de trouver incrédules, entêtés,
lents à croire, il leur confie sa mission. Ils deviennent donc porteurs d’une
nouvelle qu’ils ont eu du mal à croire.
Je trouve cela intéressant pour nous ce
matin en ce sens que nous aussi comme chrétiens, porteurs et porteuses d'une
nouvelle bouleversante pour le monde, nous portons en même temps le poids de
nos lenteurs, de nos velléités, de nos réticences, de notre incrédulité et de
nos reprises. Jésus nous confie la flamme qui peut allumer dans le monde
l'incendie de la charité, mais nous la portons "dans des vases
d'argile".
Pour accueillir pleinement cette mission, pour accueillir
pleinement la résurrection, il y a donc un effort à faire. Il nous faut
renoncer au sentiment que nous pouvons avoir de notre indignité, Il ne faut
jamais dire : Je ne peux rien faire, je n’ai pas de force, ce n’est pas
mon travail, je ne suis pas digne. En d’autres termes, il faut cesser de
s’affliger et de pleurer parce que le monde ne va comme nous l’aimerions, parce
que les obstacles semblent insurmontables, etc. Cette attitude ruine
l’espérance. Elle mène au refus de croire.
Il nous faut comprendre que le monde, la société, ma
famille, ma communauté n’est pas à mesurer à l’aune de mes idées de la
perfection mais à découvrir à la lumière de la résurrection ! Il faut plutôt
nous en tenir au regard de Jésus sur nous, à l’appel qu’il formule. C’est lui
qui rend digne et capable de la mission. L'amour du
Christ est si fort, si personnel, si rédempteur, qu'il nous interdit de nous
laisser paralyser par notre misère. Jésus confit sa mission aux personnes
fragiles.
La mission est là, belle, urgente,
décisive, et il est fidèle, le Dieu qui nous a appelés à la communion de son
Fils. C'est encore lui qui le fera pour nous. La résurrection se manifeste au cœur
de nos doutes et de nos faiblesses pour nous rendre forts, croyants et
capables.
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