Luc 7, 11-17
Les lectures de ce dimanche nous annoncent une bonne
nouvelle : elles nous disent que notre Dieu est « Celui qui fait revivre ». La
première lecture tirée du livre des Rois, nous raconte le retour à la vie du
fils de la veuve de Sarepta que le prophète Elie rendit à sa mère. La seconde lecture tirée de la lettre aux
Galates nous relate une résurrection plus spirituelle. Celle de Paul qui
renonce « à la tradition de ses pères » pour accueillir l’Evangile qui lui
vient « d’une révélation de Jésus-Christ, lui-même. » Enfin, le passage de l’évangile de Luc nous
montre Jésus qui redonne la vie à un jeune homme et le remet, debout à sa mère.
Parlant de l’évangile, ce texte est bien situé dans la
tradition juive. Il nous présente une femme. Cette femme n'a plus de mari; son
soutien physique, moral et financier, c’est son fils unique qui vient de
mourir. Elle est désormais réduite à la solitude et à la pauvreté. Elle avait
déjà conduit au cimetière un être cher, son mari. Elle refait maintenant le
même chemin, cette fois-ci pour son fils. Elle est accompagnée des gens impuissants,
capables tout juste de pleurer avec elle, mais incapables de lui rendre le seul
être qu'elle avait encore dans ce monde.
Et là, deux cortèges se croisent à l'entrée du village:
le Prince de la vie rencontre la mort emportant une victime impuissante. Jésus qui
marche à la tête du groupe des disciples s'arrête devant la veuve qui elle,
marche à la tête du cortège funèbre. Il y a la rencontre de la puissance et
l’impuissance, la vie et la mort. Emu de compassion pour elle, Jésus dit à la
femme: Ne pleure pas! Littéralement: "Cesse de pleurer!" Cet ordre
contient une promesse. Il est peut-être difficile de le voir, mais cet ordre
contient déjà une promesse extraordinaire. Il ne signifie pas: "Tes pleurs
ne servent à rien et ne ressusciteront pas ton fils", mais il signifie:
"Tes pleurs n'ont plus de raison d'être, je vais te rendre ton fils".
Ne pleure pas !
Jésus s'approche, touche la civière, et par la simple
parole, le jeune homme revient à la vie. Alors il le rend à sa mère. C’est un
cadeau que Jésus donne à la femme. Ce récit est propre à Luc. Emouvant, il
révèle toute la tendresse de Jésus et la toute-puissance avec laquelle il sait
mettre fin aux détresses humaines. Luc est le seul à raconter cet épisode pour
illustrer la lourdeur de la souffrance humaine, mais aussi et surtout pour
montrer la puissance de Dieu qui donne vie.
Comment articuler ces récits de résurrections à notre vie
d’aujourd’hui ? Cet évangile et toutes les lectures de ce jour viennent
affermir notre espérance. Nous vivons dans un monde accablé par toutes sortes
de souffrances : le deuil, les catastrophes, les violences, les guerres. Nous
sommes victime de toute sorte de morts : mort physique, psychologique,
morale, spirituelle… Et nous supplions le Seigneur chaque jour : "Réponds
sans te lasser à notre appel." Comme le prophète Élie, nous crions vers le
Seigneur : "Pourquoi n'agis-tu pas ? Pourquoi tant de haine et de violence
? Où es-tu, Seigneur ?" Ces genres des cris sont partout dans le monde.
Quel message pour nous ce matin? Premier
point : Généralement, ceux qui ont besoin demandent. Mais ce n’est pas le
cas dans l’Évangile d’aujourd'hui. Ce n’est pas la veuve qui a demandé à Jésus
de ressusciter son fils. Pour nous dire que l’amour et la miséricorde de Dieu
dépassent ce que nous pensons de lui. Il
nous arrive parfois de penser que Dieu ne répond qu’à nos prières. Et donc plus
nous prions, plus il nous écoute. Dans ce texte de l’évangile, peut-être la
femme ne savait même pas qui est Jésus. Nous ne devrions pas donc mesurer
l’amour de Dieu en termes de comment nous prions, sommes-nous digne, nous
essayons de nous rendre digne pour mériter la faveur de Dieu. Non, nous ne la méritons
pas. Nous devons savoir que Dieu nous aime inconditionnellement.
Deuxième point : Ces Lectures viennent nous dire que
nous adorons un Dieu de la vie. Notre Dieu voit la misère de son peuple. II
voit les dérives de notre société. Et il veut nous dire qu’il est le Dieu de la
vie. Que devons-nous faire pour expérimenter la vie que Dieu donne ? Il
faut rejeter toutes les fausses images que nous avons de Dieu et que nous gardons
trop souvent en nous. Dans notre première lecture la veuve de Sarepta pense que la mort de son
fils est une punition pour ses propres fautes. « Qu’est-ce que tu fais ici,
homme de Dieu, dit-elle ? Tu es venu chez moi pour rappeler mes fautes et faire
mourir mon fils ! » C’est une réaction exactement semblable à celle qui nous
vient lors d’une épreuve : « qu’est-ce que j’ai fait au Bon Dieu pour mériter
cela ? » Pourquoi moi ? Ce sont des fausses images de Dieu. « Dieu n’a pas
fait la mort. Il ne prend pas plaisir à la mort des vivants. Il est le Dieu de
la vie. »
Troisième point : Nous sommes tous comme les gens
dans un cortège funèbre. Comme la veuve de Naïm, chacun d'entre nous éprouve
une certaine souffrance, une difficulté, peut être physique, économique,
sociale ou spirituelle. Nous avons nos moments de pleur. Aujourd'hui, Jésus
nous demande d’arrêter le cortège funèbre. C’est à nous qu’il dit : Ne
pleur pas. Parce qu’il veut nous redonner notre joie et notre dignité. Il nous
faut seulement nous laisser toucher, arrêter notre cortège, et suivre son
ordre. Ne pleure pas.
A travers ces textes, nous découvrons un Dieu qui voit la
misère de son peuple et qui agit. Le jeune homme mort c’est l’humanité tout
entière, c’est chacun de nous. La mère, c’est l’Eglise. Le même Christ continue
de venir à notre rencontre. Il est toujours agissant, toujours présent
aujourd’hui comme autrefois. Notre Dieu n'est pas indifférent. Il peut redonner vie à ce jeune qui a mal
tourné parce qu'il s'est laissé entraîner par une bande d’amis. Il peut
ressusciter l'époux ou l'épouse qui s'est détourné de son conjoint. Il peut
ressusciter le foyer où l'on fait semblant de s'aimer. Il peut transformer
notre monde dominé par la guerre et la violence.
Mais pour le faire, il compte sur nous. Ce monde, il nous
l'a confié. Nous en sommes responsables. L’Évangile nous apprend aussi à nous
arrêter devant celui ou celle qui souffre pour redonner la vie. Ces textes nous
invitent à être les « Christs » d’aujourd’hui dans notre
société ; à redécouvrir en nous la force de Dieu qui redonne vie. C’est
notre tâche de changer le monde. Que le Seigneur nous accorde sa grâce.
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